Le capitaine Coutanceau

Revue numérique

Emile Gaboriau

Edité par La Gibecière à Mots

<p><strong>Emile Gaboriau</strong> (1832-1873)</p> <p> </p> <p>"C’était l’autre soir.</p> <p>La journée finie, nous étions tous réunis, amis et voisins, chez les Coutanceau, et nous devisions – les fenêtres ouvertes, à cause de la grande chaleur.</p> <p>De braves gens, ces Coutanceau, depuis l’aïeul, le capitaine, un homme de fer qui passera la centaine, jusqu’au dernier des mioches.</p> <p>Des gens d’une probité antique, bien connus dans notre quartier, qu’ils habitent de père en fils depuis plus d’un siècle, si aimés et si respectés que c’est un honneur dont on est fier que d’être admis chez eux.</p> <p>Mais l’autre soir, nous n’étions point gais comme de coutume.</p> <p>Des nouvelles circulaient, depuis une semaine, qui faisaient les fronts soucieux.</p> <p>D’aucuns affirmaient que le roi de Prusse, pendant qu’il passait à cheval devant le front de ses troupes, avait osé publiquement, en plein soleil, à la face de tous, écarter d’un geste dédaigneux notre ambassadeur, le représentant de la France, qui s’avançait vers lui.</p> <p>– C’est à n’y pas croire, disait M. Dolin, le marchand de bois, c’est à se demander si l’orgueil n’a pas troublé la raison de ces gens-là.</p> <p>Il commençait à s’animer, lorsqu’à ce moment de grandes clameurs qui montaient de la rue lui coupèrent la parole.</p> <p>Nous nous précipitâmes aux fenêtres.</p> <p>Une bande de jeunes gens passait, portant un drapeau et criant :</p> <p>– À Berlin !... À Berlin !... À Berlin !...</p> <p>Prompt comme l’éclair, un des fils Coutanceau s’élança dehors, et, lorsqu’il reparut l’instant d’après, il tenait un journal du soir.</p> <p>Il était un peu pâle, et ses narines frissonnantes, comme il arrive quand on est secoué par quelque puissante commotion, mais ses yeux brillaient d’un éclat extraordinaire."</p> <p> </p> <p>Alors que la guerre de 1870 vient d'être déclarée, le capitaine Coutanceau, pratiquement centenaire, évoque, à ses petits-enfants, une situation similaire : la Révolution française et notamment l'année 1792, lorsqu'on déclara : "La patrie en danger !"</p>

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